Mardi 7 février – Olivier Gil – Le Bijou

Retour dans cette salle de concert écrin sachant révéler quelques merveilles musicales. Cette fois-ci, le Bijou accueille le chanteur Olivier Gil pour une formule très épurée : chant-piano.

Le jeune homme est visiblement ému par l’accueil chaleureux que lui réserve le public, des compagnons de la première heure s’étant visiblement déplacés pour voir un ami chanter. Cela explique peut-être ce début un peu difficile où l’on ressent clairement de la gène et un léger malaise chez le musicien. On a un peu mal pour lui et on se demande alors s’il n’y a pas erreur de casting…

C’est alors que nous nous raccrochons à ses textes comme à une bouée. 128 vies nous raconte avec justesse et beauté quelques destins croisés dans la rue au cours d’une banale journée, 128 vies nous apprend aussi qu’Olivier Gil est un chanteur sensible et écorché pour qui le quotidien révèle des histoires extraordinaires.

Et puis, avec l’aide de son unique compagnon de scène, le pianiste Lucas Lemauff, la gêne s’efface, le chant s’affirme, les mélodies nous bercent et les paroles nous parlent.

Doté d’un timbre entre Bénabar et Thomas Fersen, M. Gil n’est peut-être pas un chanteur à voix, mais c’est un vrai conteur de vie. On en redemande et cette fois-ci, le public du Bijou n’a pas hésité à réitérer le rappel.

À la fin du concert, je comprends alors l’accueil chaleureux du début de soirée. Pour se croire l’ami d’Olivier Gil, il suffit tout simplement de l’entendre chanter.

Jeudi 9 février – Bigflo & Oli / Lionel Suarez et André Minvielle – Théâtre des Mazades

C’est par ce dernier concert que nous achevons les chroniques versatiliennes sur Détours de chant. Non pas que le festival s’arrête ce soir, mais la rédaction de notre webzine n’est pas – du moins encore – assez étoffée pour couvrir tout l’événement… C’est donc un brin nostalgique que j’arrive au théâtre des Mazades.

Cette légère tristesse s’efface très rapidement en découvrant avec plaisir la très jeune formation Rap Bigflo & Oli. Lauréats 2010 du tremplin Décroche le son, les deux frères Ordonez ont ainsi mérité leur invitation pour ce soir. Disons les choses telles qu’elles sont : n’étant pas un grand fan de hip-hop, ce fût uniquement avec des prédispositions bienveillantes – et c’est déjà pas mal – que j’appréhendai cette première partie.

Première surprise, le set s’ouvre par le solo d’un jeune violoncelliste muni d’une boucle… Qui a dit que le Rap souffrait d’un manque d’ouverture musicale (moi, peut-être…) ? Bigflo & Oli entrent alors sur scène en proposant un pari audacieux à une salle certainement béotienne en matière de Hip-Hop : «nous allons vous faire aimer le Rap». Rien que ça…Bigflo est le premier à déclamer son flow sur la chanson Marco. On est tout de suite séduit par la maturité et la fluidité d’un texte sur un thème tant de fois abordé : la (presque) mort d’un ami. Ce début est de très bon augure et la suite ne déçoit pas. Le public est conquis et il n’a pas fallu beaucoup de temps aux jeunes rappeurs pour rassembler les spectateurs autour de leur art. Au-delà de la qualité de l’écriture ce jeune duo, âgé de 18 et 15 ans, exprime aussi un sens scénique bien déjà bien maîtrisé. On est bluffé.

J’entends, par des personnes derrière moi, que quelques maisons de disque se sont déplacées pour l’occasion… Elles entendent sûrement déjà résonner la trompette du rappeur Oli avec l’écho d’une future renommée.

Il est 22h00 quand Lionel Suarez et André Minvielle s’installent sur scène. Ces deux grands musiciens estampillés 100 % Sud-Ouest tournent ensemble depuis maintenant quelques années. Leur album tandem a été enregistré en 2011.

Dès les premières chansons, le ton est donné. Avec un accordéon et deux pierres en guise de viatique rythmique, le duo rend hommage à l’enfant prodigue de la Ville Rose, j’ai nommé bien sûr Claude Nougaro avec qui ils ont pu collaborer. On entendra avec plaisir le cueilleur de cailloux, C’est Non ou encore L’esquinade du nom de ce restaurant occitan situé à côté de la Place Arnaud Bernard.

Avec Minvielle l’oralité et la langue occitane sont à la fête. En véritable musicien des mots, le percussionniste se lance dans des scats où des syllabes se mêlent et fusionnent pour former des constructions sonores et étranges. Ce sens de l’improvisation vocale, cultivé et expérimenté depuis des années chez ce Béarnais, dépasse largement le chant pour se confronter aussi au théâtre lorsqu’il présente ses chansons avec multiples détours et fortes digressions – retenons que le chanteur ne perd jamais le Nord dans ses élucubrations verbales et revient toujours miraculeusement au sujet de départ – pour le grand plaisir d’un public fasciné par tant de verve.

Quant à la discrétion de Lionel Suarez, elle s’accorde parfaitement avec l’exubérance de son compagnon interprète (de toute façon il n’y a pas assez de place sur scène pour deux Minvielle…). L’esprit très jazz de l’accordéoniste aveyronnais ainsi que ses phrasées mélodiques aux accents free entretiennent un dialogue de très haut niveau musical et artistique entre les deux compositeurs.

Le concert se finit par quelques morceaux emblématiques du percussionniste – tels Esperanza L’aranese ou La valse a hum – dont les mélodies régalent des spectateurs aux anges.

Le concert se conclut par une standing ovation aussi longue que méritée.

Encore merci Messieurs Minvielle et Suarez pour ce dernier détour dans ce festival qui se finit en toute beauté.

Vivement l’année prochaine.

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