Il arrive des petits miracles. Oui, de temps en temps, le temps s’arrête. Seule n’a d’intérêt que l’envie insatiable d’entendre, d’écouter, de profiter, au doux son du trio guitare/ basse/ batterie, dès la première écoute.

Mars 2010, Broken Bells. Le genre de chose qui arrive par surprise, sans doute une à deux fois dans l’année. Des moments où – enfin – on se dit « écoutons et ne comparons pas » ! Des moments qui font que cette vieille musique continue encore et toujours à nous retourner le cerveau. L’album éponyme de Broken Bells est une véritable pépite, de celle que l’on peut écouter en boucle durant des mois. On la doit à deux mastodontes de la musique qui se rencontrent et qui décident de travailler ensemble comme ça, par pur plaisir, alors qu’ils ont un tas d’autres choses à faire. Danger Mouse est simplement l’un des plus grand producteur du moment. C’est le responsable de Gnarls Barkley et du célèbre Crazy, mais aussi du son de Gorillaz, et plus récemment de celui de l’album des Black Keys, Tighten Up, ou de l’excellent Evil Friends de Portugal. James Mercer, quant à lui, est avant tout le chanteur leader de The Shins, révélé en 2001 à la sortie de l’album Oh, Inverted World. Déjà quatre albums dans les bacs, un cinquième à suivre à la suite de la tournée de Broken Bells.

En 2010, le duo livrait donc un album surprenant, rempli de mélodies teintées à la fois de nostalgie et d’une certaines virtuosité. La production de Danger Mouse renvoie souvent à des sonorités très sixties tout en intégrant nécessairement des éléments contemporains. L’excellent single The Ghost Inside avait fini par atterrir sur les ondes avec un peu de retard, rattrapé par un succès qui doit beaucoup au bouche à oreille et à l’aura de ses auteurs. Voguant entre balades – Sailing To Nowhere ou Citizen – et chevauchées épiques – October ou Mongrel Heart – ce premier opus remplissait aisément son objectif, essai transformé par une série de concerts très concluants. Alors qu’on pensait que Broken Bells était un one shot, voilà que le duo a très vite eu envie de poursuivre l’aventure et de collaborer de nouveau ensemble.

Certes, After The Disco, leur deuxième effort, n’aura pas la chance de bénéficier de l’effet de surprise de son prédécesseur, mais il n’en reste pas moins attractif.

L’un des points remarquables du groupe est de particulièrement bien réussir ses entrées en matière. A Perfect World porte l’estocade immédiatement, avec cette introduction à l’aspect futuriste de prime abord. Il est très rapidement « vieilli » par un synthétiseur de derrière les fagots qui sera le véritable fil rouge de la chanson. La voix phénoménale de James Mercer secoue les dernières ambitions de résistance.

Associée à After The Disco et Holding On For Life, les deux singles de l’album, le recette ne peut que fonctionner. Le premier rivalise même avec les meilleurs titres de dancefloor du moment. La mélodie s’insinue dans le cerveau sans que l’on puisse lutter. Imparable ! Le deuxième est un peu plus difficile d’approche. C’était pourtant le premier titre dévoilé par le duo et à ce jour, le seul clip vidéo visible. Une stratégie payante, car elle aura préparé les fans à ce nouveau son et porté efficacement l’imagerie de l’album. On finit indéniablement par apprécier.

Ce trio infernal obligerait – mais avec un plaisir certain – à relancer régulièrement l’écoute de la platine. Tout comme pour le premier album, la suite va se contenter d’assurer cette qualité sans jamais la dépasser de nouveau. Les chansons comme The Chaincing Lights ou Control vont porter la dragée haute et amener un rythme appréciable à l’ensemble. Certes, les ballades, qui sont visiblement une marque de fabrique, sont de bonne facture, notamment Leave It Alone ou Lazy Wonderland. Sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi, il manque à l’ensemble un petit quelque chose pour faire d’After The Disco, tout comme de Broken Bells auparavant, un album indispensable.

L’autre point remarquable du groupe est de particulièrement bien réussir ses sorties. Tout comme l’enchaînement de Mongrel Heart et de la superbe The Mall & Misery dans l’album éponyme, After The Disco se termine sur des moments forts avec The Angel and The Fool et la très réussie The Remains Of Rock and Roll. Ces deux titres tirent l’album vers des sommets émotionnels qui n’avaient pas été atteints auparavant sur l’album. L’apparition des chœurs sur la première fait son petit effet, quant à la deuxième, elle semble résumer à elle seule l’intégralité de l’album. A la fois enjouée tout en étant désabusée, elle traduit toute l’ambition du disque. James Mercer s’en donne d’ailleurs à cœur joie, offrant le meilleur de sa voix. Les violons, ou en tout cas ce qui en fait office, portent davantage ce côté passéiste, nostalgique, dévoilé par le titre de la chanson. Pour autant, il n’y a pas de raison d’être triste. Le Rock and Roll est toujours en vie !

After The Disco regroupe des chansons qui sont toutes liées les unes aux autres. Elles semblent porter en elles les mêmes stigmates, les mêmes peines, les même joies. Contrairement au premier album, celui-ci est beaucoup plus unifié, empreint d’un univers propre dont il est difficile de dissocier les chansons. Tout cela fait d’After The Disco un excellent album, qui puise beaucoup au rock et qui pourra certainement être comparé à beaucoup d’autres, mais pour une fois, soyons simplement naïfs et apprécions la musique pour ce qu’elle est : un moment de plaisir.

Broken Bells – After the disco (Columbia)

Note: ★★★★☆

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