Vince Staples, le jeune prodige du rap US tendance expérimentale était de passage à l’Elysée Montmartre pour le festival Paris Hip Hop. Depuis sa dernière présence à Paris, le proche du collectif Odd Future (collaborateur sur Doris d’Earl Sweatshirt notamment) a bien changé. S’il est toujours aussi politisé qu’à ses débuts, son Ep Hell Can Wait et son ambitieux premier opus, Summertime ’06, double album à l’ambiance de guerilla urbaine, il flirte aujourd’hui avec l’avant-garde électronique et la musique pop. Sur Big Fish Theory sorti l’année dernière, il collaborait d’ailleurs avec Damon Albarn et la productrice SOPHIE. On avait donc hâte de voir la mutation du boy de Long Beach sur scène, et il ne nous aura pas déçu.

Après une sympathique première partie offerte par Vicelow, ex-membre du Saian Supa Crew, hélas un brin apathique – la faute au public venu surtout pour Staples – la star de la soirée s’est pointée seule, en tenue orange couverte d’un gilet par balles et soutenue en fond par un mur d’écrans. Une mise en scène faussement épurée car les télévisions se révèleront très vites cruciales : tout le long du set, elles viendront accompagner et parasiter la performance de Vince Staples en balançant des images de la culture populaire ou afro-américaine, de violences et quelques extraits de films biens choisis. De quoi redoubler le fourmillement musical du style du rappeur, véritable comète singulière dans le paysage du hip hop américain.

Entre flegme et rage contenue, la prestation de Vince Staples fut impressionnante et surtout généreuse. Car, en plus d’offrir une belle place à son dernier album (Big Fish, Rain Come Down, Party People, SAMO, etc. et Yeah Right en clou du spectacle), il passa aussi en revu la plupart des moments forts de ses précédents efforts (Senorita, Norf norf, Blue Suede, Prima Donna), mais aussi de ses collaborations parallèles. On fut alors agréablement surpris de le voir interpréter son feat. avec Gorillaz, Ascension, ou encore sa participation au score de Black Panther, Opps. Un show maîtrisé et solide qui confirme la suprématie de Vince Staples sur une partie marginale mais essentielle du genre musical le plus populaire de notre époque.

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