L’adaptation de L’exorciste en série télé était un projet dont on avait tout pour se méfier a priori. D’une part parce que le chef d’œuvre de William Friedkin réalisé en 1973 est à juste titre considéré comme un modèle de film d’horreur traumatisant qui n’a pas vieilli et demeure encore aujourd’hui pertinent sans qu’il soit besoin de le réactualiser. Et d’autre part car la mode des films déclinés en programmes de télévision – Sleepy Hollow, Twelve monkeys, bientôt L’arme fatale et Westworld – ne donne pas forcément que du bon, se reposant souvent uniquement sur un univers et des personnages connus des spectateurs pour s’en éloigner très vite, ne conservant que le titre comme une marque commode pour executives du petit écran fainéants.

Pourtant, l’épisode pilote de la série, diffusé cette semaine sur la Fox, dément nos doutes, et installe un programme qui capitalise sur beaucoup de potentialités, à commencer par une fidélité à l’esprit du film original et au roman de William Peter Blatty.

Le premier épisode pose donc le cadre narratif. Dans la famille Rance, tout ne va pas très bien. Le père est atteint d’un Alzheimer qui lui fait perdre la tête tandis que la fille vit recluse dans sa chambre, suite à un accident de voiture qui a couté la vie à son petit ami. C’est Angela, la mère, qui mène la barque, en puisant notamment de la force dans la fréquentation de l’église où officie le Père Tomas Ortega, alter ego du père Karras dans le film de William Friedkin. Celui-ci doute de sa foi, et a des visions le connectant au Père Marcus Lang – dont la ressemblance avec Max Van Sydow ne fait aucun doute – qui pratique un exorcisme sur un jeune enfant possédé au Mexique. Persuadée qu’un démon menace sa fille, Angela sollicite les services du Père Ortega.

La force de la série – pour le moment – est de ne pas précipiter les événements, de ne jamais céder aux effets faciles pour plaire aux spectateurs impatients. L’épisode pilote prend son temps pour poser les éléments de l’intrigue, caractériser chaque personnage. L’ambiance baigne tout de même dans une facture très 70’s, notamment dans le choix d’une photographie volontairement très terne. La série ne se prive pas de payer son tribut au film de William Friedkin en y faisant souvent référence dans des détails du décor – l’appartement du Père Ortega se situe aussi près d’une rame aérienne de métro, le couloir de la maison de la famille Rance -, dans les images iconiques reprises à l’identique – la silhouette du prêtre éclairée dans la nuit -, ou la musique célèbre de Mike Oldfield dont le thème survient à la toute fin de l’épisode…

Bien sûr, L’exorciste livre aussi son lot de scènes d’horreur – l’exorcisme du petit Mexicain – mais on est surpris par la façon dont les effets sont ménagés pour ne pas sombrer dans le grand guignol. Voilà qui promet un suspens davantage psychologique, qui n’exclut pas une atmosphère hautement anxiogène, bien au contraire. Il faudra maintenant être attentif à la suite pour vérifier si les promesses de ce pilote se confirment sur la totalité d’une saison.

Note: ★★★★☆

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