Pour toute une génération de cinéphiles quarantenaire un peu déviants, Massacre à la tronçonneuse fait partie de ces films censurés dans les années 70 qu’il a été impossible de voir pendant longtemps en salles. Ce fut aussi le cas de Mad Max, Orange Mécanique ou Zombie, qui furent interdits à la même époque et sur lesquels il était possible de projeter tous ses fantasmes, souvent produits par la simple observation d’une affiche ou à partir d’une rumeur sulfureuse. S’agissant du film de Tobe Hooper, on imaginait des litres de sang versés, des membres déchiquetés, du gore insoutenable. C’est très souvent grâce à des copies VHS qu’on a pu découvrir ces œuvres maudites, dont la première vision permettait de mesurer l’écart entre ses propres attentes et les intentions des cinéastes. Ainsi, Massacre à la tronçonneuse fait finalement couler très peu d’hémoglobine, mais n’en demeure pas moins un choc sans équivalent dans le cinéma d’exploitation des années 70. Sa reprise en salles dans une copie restaurée en 4K est l’occasion pour toute une nouvelle génération de découvrir ce film d’une modernité intacte quarante ans après sa sortie, et de mesurer sa formidable puissance d’impact, qui ne s’est jamais démentie. Mais cette sortie permet également de nous intéresser, à travers l’incarnation de Leatherface et de sa famille de consanguins dégénérés, à une figure du cinéma américain, le redneck, auquel Maxime Lachaud dédit un ouvrage complet.

Redneck movies, ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain s’impose d’emblée comme une somme définitive et considérable sur le sujet, tant par son contenu encyclopédique que par l’importance de son iconographie. Maxime Lachaud ne se contente pas de dresser un catalogue pour amateurs de cinéma Bis mais élargit très largement le sujet en s’intéressant au redneck d’un point de vue historique, sociologique, politique, religieux, mythologique, historique, folklorique, culturel. Il situe les redneck movies dans ses origines littéraires avec une grande connaissance livresque, qu’il s’agisse des grands auteurs classiques (Flannery O’Connor, Erskine Caldwell, Mark Twaïn, Tennessee Williams, etc) comme des romans de gares aux titres interchangeables et aux couvertures aguicheuses. Si une grande place est accordée aux deux classiques du genre que sont Massacre à la tronçonneuse et Délivrance, le spectre cinématographique qu’il déploie va aussi bien d’Elia Kazan (Baby Doll) à Russ Meyer (Mudhoney), de John Huston (Le malin) à Anthony Mann (Le petit arpent du bon Dieu), en passant par tous les sous-genres de la hicksploitation (le nudie, le porno, le cinéma d’horreur, le survival, le rape and revenge… ). Incollable sur le sujet, d’une immense érudition, Maxime Lachaud nous a accordé une interview passionnante sur le sujet, dont voici l’essentiel en vidéo.

QU’EST CE QU’UN REDNECK ?

 

QU’EST-CE QU’UN REDNECK MOVIE ?

 

MASSACRE… & L’ÂGE D’OR DES REDNECK MOVIES

 

LE SACRÉ & LA NATURE

 

Propos recueillis le 26 octobre 2014

Remerciements : Frédéric, du cinéma Utopia Toulouse

Redneck movies, ruralité et dégénérescence dans le cinéma américain – Disponible aux  Éditions Rouge Profond

Note: ★★★★½

Massacre à la tronçonneuse, actuellement au cinéma dans sa version restaurée en 4K (Carlotta Films)

Note: ★★★★★

Couv Rednecks

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