Il y a comme ça, de temps en temps, des phénomènes dans le ciel de la musique. Des étoiles qui meurent, des étoiles qui naissent.

Et toute la planète de lever les yeux vers le ciel.

Qui est Lana Del Rey ? D’où vient-elle ? Où veut-elle nous emmener ?

Beaucoup a déjà été dit à son sujet, sans en savoir grand-chose. Mais le mystère entretient la fascination.

On a parlé de ses clips: « Video games » et « Blue jeans ». Aux yeux de certains, ses poses de jeune starlette à la moue boudeuse et au regard fuyant, au milieu d’images d’archives d’une Amérique de cinéma, gênent, dérangent, agacent, sonnent faux.

Mais Madonna, Amy Winehouse ou Lady Gaga n’ont-elles jamais dérangé personne ?

On a surtout parlé de sa plastique de poupée hollywoodienne. De ses yeux, ses ongles bleus et ses lèvres dont le volume laisse penser qu’elles ne sont pas tout à fait d’origine. La jeune Lana (ex Lizzy Grant) s’en défend avec une élégance qui lui est propre sur son compte Youtube :

I didnt get surgery whoever the fuck u are- i didnt even have a house to live in let alone $ to fuck w my face.

Mais ce qui compte, ce que l’on retient, ne serait-ce finalement pas les chansons ? Il serait peut-être temps d’en parler des chansons !

J’ai découvert Lana Del Rey avec « Blue jeans », envoutant down tempo ou se mêlent une guitare twangy rétro, des samples illustratifs, des cordes planantes et un beat urbain… et la voix de la demoiselle, désabusée, lasse, au fond du temps. Le refrain est imparable. Un mélange improbable, mais non moins efficace, de Tori Amos, Britney Spears, Marilyn Monroe et Ennio Morricone.

« Video games » est de la même trempe, plus original encore avec son piano jouant un accord par temps et sa harpe lancinante.

Si tout a été pensé ? Réfléchi ? Calculé ? Evidemment ! Un tel niveau de cohérence n’est jamais le fruit du hasard. Mais les plus grandes œuvres n’ont-elles pas été pensées de cette façon ? Un Roger Waters n’a-t-il pas tout pesé lors de la création de The Wall ? Cela en fait-il un œuvre malhonnête ?

Ce que l’on semble reprocher à ce que nous propose Lana Del Rey est d’être trop beau pour être vrai, de n’être qu’un produit, une marionnette, une image. Pourtant jusqu’ici le pari est gagné. Qu’importe qu’elle soit le sculpteur ou la sculpture, la muse ou l’artiste. Elle touche.

Pour autant l’épreuve de la scène sera décisive, la représentation au « Later Live with Jools Holland » n’a qu’à moitié convaincu. C’est là que nous saurons ce qui se cache vraiment sous l’image. Si elle dégage quelque chose d’aussi fort qu’elle ne le laisse espérer à travers ce formidable travail accompli jusqu’ici. La tâche est lourde.

Mais Lady Del Rey a l’air bien entouré. C’est le graphiste français « Woodkid » (Yoann Lemoine) qui réalise en ce moment le clip de son prochain single « Born 2 die » et elle a récemment signé sur le (gros) label Interscope qui sortira l’album en Mars 2012 (distribuée par Polydor en France).

En attendant elle se produira à Paris, au nouveau casino le 7 novembre prochain. Ne cherchez pas de places, il n’y en a plus.

Allez Lana, prouve nous que tu es plus que le produit réussi d’artisans inspirés.

Please.

Note: ★★★★½

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