Le film

Certains films imposent instantanément une forme d’évidence, les premières minutes de L’apollonide – Souvenirs de la maison close ont ce pouvoir de sidération immédiate qui suffisent à convaincre le spectateur qu’il est face à un geste esthétique et théorique unique et rare. Il ne faut pas grand-chose pour entrer dedans – le film et la maison – un mouvement de caméra subtil et délicat, l’ambiance satinée des intérieurs cossus des salons ou l’on reçoit les clients, des paroles échangées comme dans un songe (« j’ai l’impression que je pourrais dormir mille ans »), un montage inattendu dans sa chronologie qui convoque la fantasmagorie.

Sommes-nous dans un film-cerveau ? Comme le délire d’opiomane de Robert de Niro dans Il était une fois en Amérique ou celui de Jack Nicholson dans Shining ? Comme chez Leone, il y a cette circulation des plans qui mélange le réel et l’imaginaire et brouille la perception du temps. Comme dans le film de Kubrick, il y a chez Bonello cette impossibilité de s’échapper d’un lieu clos où l’on revient malgré la mort, comme une malédiction, un destin tragique. (LIRE LA SUITE)

Le dvd

Quel dommage que L’apollonide ne fasse pas fait l’objet d’une édition Blu Ray ! Le film de Bertrand Bonello méritait un traitement HD pour rendre justice à la beauté de sa photo et de ses décors, et aurait permis de restituer plus précisément les scènes en basse lumière avec des dégradés de noir plus nuancés. Dans sa version Dvd, la qualité technique est acceptable, mais on se prend à rêver qu’un éditeur comme Criterion sorte L’apollonide dans sa collection, avec la qualité de transfert et la somme éditoriale qu’on lui connaît, on obtiendrait une version rien de moins que définitive. Ce n’est pas chose impossible, Criterion ayant déjà publié du cinéma français récent, avec L’heure d’été et Carlos d’Olivier Assayas, La graine et le Mulet d’Abdelatif Khechich ou Un conte de Noël de Arnaud Desplechin. Espérons que Bonnello soit le prochain à rejoindre le prestigieux éditeur !

Les suppléments sont peu nombreux mais néanmoins intéressants : Le prologue de L’apollonide est une analyse de la première séquence du film. Il permet d’aborder tous les aspects du tournage : de la réalisation au découpage, en passant par la direction d’acteur, l’écriture et les choix de la bande-son, l’exercice s’avère passionnant et reflète la masse de travail que nécessite une scène aussi complexe où rien n’est laissé au hasard. Les essais des comédiennes nous montrent les vidéos de casting de Hafsia Herzi, Adèle Haenel, Iliana Zabeth et Alice Barnole, où chacune se livre déjà sans tabou mais avec beaucoup de pudeur. Un document qui vaut le coup d’oeil.

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