De la même façon que les étoiles sont indifférentes à l’astronomie (pour reprendre la traduction du titre de leur dernier album), ni le temps ni les modes n’ont d’emprise sur Nada Surf. Le groupe publie régulièrement des albums depuis 1996, avec plus ou moins de succès, mais toujours avec un rock FM plutôt naïf et enjoué, festif, un son garage punk frais et spontané, des mélodies qui n’essaient jamais de révolutionner le vieux modèle couplet/ refrain/ solo, juste de provoquer un doux sentiment euphorique chez l’auditeur. C’est encore le cas pour The stars are indifferent to astronomy (donc), le dernier opus paru au début de l’année qui aurait tout aussi bien pu sortir il y a dix ans.

Si l’on en croit l’affluence au bikini ce soir de février, le public français est demeuré fidèle au groupe. La salle est quasi remplie d’une population hétéroclite, très mixte en termes d’âge et de sexe, qui nous fait penser que Nada Surf a su renouveler son noyau de fans tout en entrainant dans son sillage ceux de la première heure, qui ont découvert le groupe à la faveur de Popular, LE tube que tout le monde attend d’entendre jouer ce soir. On comprend mieux cette complicité entre le groupe et le public dès lors que Nada Surf monte sur scène : Matthew Caws, le chanteur/ guitariste et Daniel Lorca à la basse parlent tous deux français comme vous et moi. Ils se sont en effet rencontrés sur les bancs du lycée français de New-York et ont poursuivi leurs études en France et en Belgique. Ils créent instantanément un lien de proximité avec les spectateurs, la communication passe, la sympathie est immédiate.

Nada Surf, qui joue habituellement sous la forme du trio est rejoint pour cette tournée par un guitariste additionnel qui a participé à l’enregistrement du dernier album et par Martin Wenk aux claviers et à la trompette. L’ex membre de Calexico apportera une belle partie de cuivre sur 80 windows. Pour le reste, le groupe attaque avec les titres de son dernier album, Clear eye clouded mind et Waiting for something pour ensuite revisiter sa discographie, avec une réelle efficacité, beaucoup de générosité, de la modestie et de l’humour. Il faudra attendre les rappels pour entendre Always love et Popular. Pour le dernier titre, Blankest year, Matthew Caws enjoint le public à répéter en cœur le Oh fuck it ! du refrain, faisant monter l’ambiance d’un cran dans la salle, définitivement conquise. Avec un tel succès, il n’est pas certain que le groupe change une formule qui fonctionne à ce point – on serait presque tentés de parler de monotonie mélodique -, mais il dégage un tel capital sympathie qu’on leur pardonne aisément, l’énergie emportant définitivement cette réserve.

Note: ★★☆☆☆

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