Si l’on devait baptiser l’ennui en littérature, le prénom Julian s’imposerait avec évidence.

592 pages et des milliers de mots à me dire : «Au chapitre suivant, j’arrête». J’en avais même oublié le troisième principe inaliénable du lecteur selon Daniel Pennac : le droit de ne pas finir un livre. Et pourtant… Le très bon souvenir du dernier roman de R.C. Wilson, Mysterium allié à la croyance naïve d’une transformation miraculeuse de ce récit m’ont poussé jusqu’au bout de cet élan masochiste.

Cette chronique est donc une vengeance, un règlement de compte.

Julian se veut avant tout un roman d’anticipation post société d’ultra consommation capitaliste. En ce début du XXIIe siècle, le monde se remet lentement de la pénurie de ces ressources naturelles – pétrole en tête – qui ont dopé les croissances économique et démographique des deux siècles précédents. Les guerres et les famines successives ont alors redessiné l’ordre mondial autour de quelques blocs politiques et religieux.

L’Amérique n’est plus que l’ombre de cette ancienne hyper puissance se battant laborieusement contre les Mitteleuropéens pour préserver son intégrité territoriale.

Très rapidement ce synopsis alléchant commence à s’écailler à la lecture des premières pages. Le narrateur du roman est un ancien compagnon de notre héros – Julian le conquérant – qui profite d’une retraite bien méritée pour écrire ses mémoires. Mais il se trouve que ce narrateur n’a aucun humour, bénéficie d’une intelligence plus que moyenne et est pétri de principes moraux judéo-chrétiens visiblement très en vogue dans ce futur pas si lointain.

Postulat narratif, me direz-vous ou encore paradigme génial pour mieux souligner l’évolution spirituelle de cette humanité post apocalyptique…manqués alors, car cette narration contamine gravement le récit et ne peut rendre compte – de fait – des subtilités supposées d’un tel projet littéraire.

Si vous ajoutez à cela une écriture simpliste digne d’un devoir de lycéen (de bon niveau syntaxique toutefois) s’exerçant avec emphase au récit d’anticipation, vous comprendrez alors qu’il vaille mieux investir 28 euros ailleurs.

Note: ★½☆☆☆

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