Il se produit à l’issue de la conférence de presse toulousaine pour le film Sur la piste du Marsupilami  quelque chose d’inattendu. L’exercice se déroule généralement entre «gens de la profession», journalistes de la presse télé, radio, écrite ou web, habitués à rencontrer des célébrités dans les salons cossus d’un grand hôtel de la place du Capitole, avec la distance et la retenue qu’exige le métier. Mais cette fois, après une demi-heure de conversation avec Alain Chabat et Aïssa Maïga, alors que l’attaché de presse surveille nerveusement sa montre en raison d’un planning chargé, chacun y va de sa demande d’autographe, de photo souvenir pour immortaliser le moment. La scène est véritablement inhabituelle et inédite en de telles circonstances et l’acteur/réalisateur se soumet avec plaisir aux demandes des uns et des autres. Il faut dire qu’Alain Chabat, pour ceux qui ont connu l’époque bénie des Nuls, est toujours auréolé d’un statut de culte indéfectible. La sympathie immédiate, l’humour et la bonne humeur qu’il manifeste en interview prouvent que son image publique n’est pas feinte. Un beau moment de convivialité partagée, sans distance.

On avait bien préparé nos questions, notamment axées sur les effets spéciaux, qu’on a immédiatement rangées vu le tour qu’a pris la conversation… Quand un confrère a demandé comment avait été choisi le Marsupilami du film. «Au début, on en avait trouvé un autre, répond Alain Chabat. Mais il jouait sa diva sur le plateau, il n’était pas d’accord avec les textes, il voulait même le rôle de Jamel. Alors on a casté celui que vous avez vu à l’écran, j’ai même pris le couple car il fallait qu’il se reproduise. On ne voulait pas de problèmes. Et puis il fallait qu’il soit en capacité de réaliser ses cascades. Car en plus d’être joyeux, facétieux et gourmand, le Marsupilami est bagarreur ! En revanche, nous ne l’avons pas sollicité pour la promo. Il est resté dans son environnement naturel, cela aurait été contraire à la philosophie du film de l’en extraire». Comment voulez-vous rebondir après ça en demandant s’il avait commandé des essais vidéos à BUF, la société en charge des effets visuels du film, pour se convaincre de le réaliser ? Impossible !

Puisque c’est Aïssa Maïga qui accompagne Alain Chabat pour cette date toulousaine, on l’interroge sur leur rencontre. «On avait déjà tourné ensemble dans Prête-moi ta main et Alain avait produit Ensemble c’est tout». A propos de son rôle de directrice de programme pour une chaîne télé, Alain Chabat s’explique. «Je ne trouve pas Clarisse antipathique. Elle évolue dans un monde dépourvu d’affect, soumis aux chiffres. Et quand elle demande à Dan Geraldo – que j’interprète – de lui ramener un scoop de Palombie, ce n’est pas pour le punir, mais pour lui donner sa dernière chance. Mais c’est vrai qu’elle dit les choses d’une façon qui ne supporte pas la contradiction !» En revanche, l’actrice n’a pas profité du tournage en extérieur. «Toutes mes scènes ont été filmées en Belgique, à la fin du tournage, quand les autres revenaient du Mexique tout bronzés», avoue-t-elle un peu déçue.

Elle est excellente d’autorité dans le film, tout comme l’intégralité d’un casting qui prend un plaisir manifeste à jouer, Jamel en tête. «Jamel, c’est l’envie de départ, nous dit Alain Chabat. On voulait créer un vrai duo de cinéma. On n’avait aucune scène en commun dans Astérix et Cléopâtre, on avait envie de se faire plaisir avec deux personnages qui se pourrissent mutuellement. Sur le plateau, au moment de jouer, je ne pense à rien. Et Jamel n’arrêtait pas de me pousser en me disant : vas-y, fais-moi cette grimace, quand tu fais cette tête, j’ai quatorze ans et demi, ça me pète de rire ! Et voilà pourquoi toutes ces mimiques… Moi qui voulais la jouer à la Max Von Sydow !» Tiens, on ne se doutait pas qu’en réalisant Sur la piste du Marsupilami, Chabat voulait nous livrer son Septième Sceau !

Interview réalisée le 23 février 2012 à Toulouse

Sur la piste du Marsupilami – En salles le 4 avril 2012

Note: ★★★★☆

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