On pense beaucoup à Time and tide de Tsui Hark à la vision de The raid. Au milieu de ses scènes d’action d’anthologie, on se souvient d’une séquence fameuse du siège d’un immeuble où le réalisateur de The blade réinventait littéralement la grammaire cinématographique du genre. Il imposait une forme de chaos excessivement stylisé, s’affranchissait du cadre, de l’espace, utilisait les outils du split screen et du montage pour proposer une mise en scène absolument folle et nouvelle dans son approche. Toutes choses dont est malheureusement dépourvue la réalisation de Gareth Evans, qui se contente d’une captation excessivement plan-plan des événements qui se déroulent devant sa caméra.

C’est d’autant plus dommage qu’il y avait là une belle matière à s’inspirer de l’univers vidéo ludique, avec chaque étage de l’immeuble qui serait le level d’un video-game. A la place de cela, The Raid enchaîne les scènes d’action de façon très répétitive sans vrai souci de cohérence ou d’évolution du récit et de dramatisation. Ce que Gareth Evans semble avoir oublié, c’est que pour impliquer le spectateur, une scène d’action doit se justifier d’un point de vue des enjeux voire de la psychologie des personnages. Ici, hormis l’affrontement final entre les deux frères et le mad dog,  les combats n’ont d’autre objectif que de se débarrasser d’un ennemi qui surgit de partout. Cela donne quelques moments purement décomplexés où l’on prend ponctuellement du plaisir mais qui finissent in fine par lasser à force de répétition.

Il faut dire qu’en dehors de l’action (dont il ne se sort pas très bien), Gareth Evans n’est pas non plus très à l’aise dans la psychologie de ses personnages. Le méchant est caricatural à l’outrance. Et les quelques flash backs où le héros se figure sa femme enceinte pour se donner du courage ainsi que la tentative d’arc narratif autour de la relation fraternelle font sourire tellement elles sont naïves et finalement hors de propos. Là où le film impressionne, en revanche, c’est dans les compétences martiales de son jeune acteur indonésien, Iko Uwais. C’est bien simple, on n’a jamais vu de pareilles prouesses depuis Ong Bak avec Tony Jaa. Que ce soit à mains nues ou muni d’un couteau, sa rapidité de mouvement et ses performances athlétiques laissent bouche bée. Dommage qu’elles ne soient pas servies par une mise en scène digne de ce nom. N’est pas Tsui Hark qui veut.

The Raid, disponible en dvd et blu-ray (M6 Vidéo)

Note: ★★½☆☆

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