Pinkunoizu, c’est quoi ? La section musicale de Greenpeace basée à Copenhague ? La réponse du Danemark au traité de Kyoto ? Avec des titres comme La grande zone d’ordures du Pacifique (1) ou La vallée en forme de boîte de conserve (2), on peut se demander si la première intention de ces Danois n’était pas de dresser une liste de doléances écolos. Face à la pollution du monde, la réponse ne se fait pas attendre. Le disque s’ouvre sur le bruit caractéristique d’une bombe en chute libre. Quelques dixièmes de seconde avant l’impact, on entend un des membres du groupe inspirer à pleins poumons. Puis c’est la déflagration. Non pas la rage et l’embrasement – quoique – mais plutôt une onde de choc qui se propagera huit incantations durant sous forme de flux chamanique charriant pêle-mêle kraut, pop, violons et cartouches punk. Rumeurs tropicales, fréquences ethniques, Faust, Kevin Ayers et Philip Glass défilent devant nous, tous emportés par les flots psychéludiques.

Comme dans la dérive océanique des déchets en plastique à laquelle ils faisaient allusion (The Great Pacific Garbage Patch), ici ce sont les paysages sonores eux-mêmes qui sont emportés au long cours telles des îles flottantes enrobées d’émanations gazeuses et de transmissions radio. La métronomie krafterwerkienne servira de moyen de propulsion pour un voyage spatial de près de dix minutes (Necromancer). Objectif dark side of the moon, nébuleuse Floyd et des échantillons de flamant rose. Durant l’odyssée, le krautrock se fera psychédélique, le post-punk sera escorté tour à tour par des guitares boréales et des cris d’oiseaux (Tin Can Valley) alors que les utopies, elles, tourneront dans l’espace comme de lointains disques rayés (The Swollen Map). Après une pluie de comètes, tout finira pourtant sur les quais de Liverpool (Down in The Liverpool Stream). Le temps de quelques chansons, l’onde de choc aura tout simplement parcouru le cosmos et effectué son retour pour disparaître sous forme de méduse dans les eaux de la Mersey. The Drop, définitivement, semble être un disque à fort potentiel de développement durable.

Deux extraits pour observer le phénomène. Dans le premier (Moped), le groupe nous livre un petit traité de folie domestique (ou comment répondre au quotidien à la question du recyclage). Quant au second, c’est une session live où Pinkunoizu reprend le morceau placé en ouverture de The Drop.

(1) The Great Pacific Garbage Patch
(2) Tin Can Valley

Pinkunoizu – The drop (Full Time Hobby)

Note: ★★★★½

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