Metronomy est sans doute une des belles histoires de la musique rock indé de ces dernières années. A l’origine, on retrouve Joseph Mount, leader indiscutable du groupe, puisque c’est lui-même qui, en 2006, se lançait en solo avec l’album Pip Paine (Pay The £5000 You Own). Le jeune homme a su faire des choix audacieux pour faire de Metronomy ce qu’il est aujourd’hui : l’un des groupes les plus en vue.

En solo, Joseph Mount n’avait pas réellement marqué les esprits. Des compositions déjà assez hors normes ou inhabituelles, pour lesquelles il faut plusieurs écoutes pour en prendre la réelle mesure. Pour autant, la touch’ Mount est d’ores et déjà présente, reconnaissable entre mille et des chansons comme You Could Easily Have Me ou Trick or Treatz font mouch’. D’abord défendu en solo, Josph Mount va vite faire appel à son cousin Oscar Cash et à Gabriel Stebbing pour l’aider dans les performances scéniques. C’est à ce moment-là que se forme réellement le groupe.

Deux ans plus tard, de leur collaboration naîtra Nights Out qui sera un très joli coup pour Metronomy. Quelque peu Noyés dans la nouvelle mouvance emmenée par MGMT, M83 ou encore par Vampire Weekend, des titres comme HeartbreakerHoliday ou A Thing For Me marqueront les esprits, notamment grâce à des clips vidéos plutôt réussis. Metronomy produit là un des albums les plus aboutis de l’année 2008.

Mais c’est véritablement avec The English Riviera que le groupe explose. En 2011, avec une nouvelle formation qui a vu Gabriel Stebbing partir lancer son propre groupe, Your Twenties et l’arrivée de Gbenga Adelekan et de Anna Prior, les singles The Look – et surtout The Bay, véritable tube de l’été – explosent dans les ondes radios et font de Metronomy le groupe à la mode.

Joseph Mount qui mène tout son monde à la baguette et en laissant peu de place à la concertation, sait exactement où il va, c’est à dire là où on ne l’attend pas ! Chaque album proposé jusqu’à maintenant présente une nouvelle identité. On reconnait bien évidemment la touche, mais on reste systématiquement surpris par les mélodies, les chansons. On est déboussolés. Il faut du temps à l’auditeur pour réussir à s’accrocher à une branche qu’on sait sûre.

Le virage opéré pour le quatrième album est sûrement le plus risqué et le plus inattendu. Il ne contient aucun single naturel, aucun élément purement dançant comme ou a pu en rencontrer sur les précédents opus. On nous propose Love Letters qui donne son nom à l’album ou encore I’m Aquarius, deux chansons beaucoup moins directes et pourtant terriblement efficaces. Les talents de mélodiste de Joseph Mount font encore le boulot, c’est à dire partir d’une chanson banale pour en faire quelque chose de grand ! Il aura fallu un peu plus de temps que d’habitude pour s’y habituer, mais Love Letters est également un album agréable et abouti. Surprendre son public lorsqu’on est attendu à ce point est une chose à risque, Metronomy a toujours su en prendre et continue de fasciner.

C’est donc avec une certaine impatience qu’on se rend dans la grande salle du Zénith de Toulouse afin d’assiter aux retrouvailles. Metronomy débute ce jour-là sa tournée en France (hors festivals, puisqu’ils jouaient la veille au Printemps de Bourges), on se sent privilégié d’être aux premières loges tout en espérant ne pas trop essuyer les platres. Heureusement pour nous, tout s’est déroulé pour le mieux.

Avec une mise en scène reprenant la pochette du dernier album, on a l’impression d’être sur un plateau télé des années 60 légèrement éclairé par des spots roses et bleus. Sur scène, les musiciens respectent un code vestimentaire strict : chemise noire, costume blanc ! Une mise en scène toujours présente chez Metronomy. On sent que ses représentations sont importantes à ses yeux. Lors de la tournée de Nights Out, le trio de l’époque portait en permanence une lampe sur les t-shirts qui s’allumait ou s’éteignait en appuyant dessus. Cela donnait des chorégraphies plutôt incongrues.

On notera que ce soir, un cinquième mousquetaire était présent pour accompagner le groupe. À croire que pour ces chansons minimalistes, il faudra bientôt un orchestre ! Metronomy enchaine alors les morceaux, en commençant notamment par les nouvelles compositions qui auront tout naturellement les honneurs ce soir. On se surprend d’ailleurs à connaître si bien les nouveaux titres et, petit à petit, le public se trémousse au son de ces balades sixtie’s.

Il faudra l’arrivée des anciennes compositions pour commencer à enflammer la salle. Radio Ladio avec son refrain tout en choeur, va permettre au public de s’en donner à coeur joie. Puis arrive The Look, enchainé à la fameuse et imparable The Bay pour terminer de convaincre.

Nous aurons également la chance de voir Oscar Cash pousser la chansonnette, sur un titre peu habituel : Naked Smile. Une très belle prestation, Oscar se dandinant tout comme il le fait continuellement dernière son synthé et développant un certain charisme derrière le micro, avec sa petit touche d’humour.

Pour le rappel, apparaît derrière le décor, l’un après l’autre, chaque membre du groupe allant rejoindre son instrument. Toujours cette mise en scène évoquant les années 60. Si la lumière et la mise en scène étaient parfaites, on sent tout de même que la taille de la salle ne rend pas tout à fait justice au son. Il aura été par moment difficile d’assumer les fréquences les plus aigues du groupe, mais avouons qu’un son trop parfait est également ennuyeux.

La prestation des musiciens est convaincante, notamment celle de Gbenga Adelekan, impressionnant à la basse dont le son est très justement mis en avant. Joseph Mount, très accueillant, a fait le job tout comme le reste de la troupe.

On ressort donc des plus satisfaits de ce concert, même si on aurait aimé en avoir un peu plus, comme toujours. On est donc toujours en attente de la prochaine fois et surtout de la prochaine surprise du groupe qui jusque-là réalise quasiment un sans faute.

Note: ★★★★☆

 

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