La recherche de la nouvelle perle rare musicale s’avère par moment chose compliquée. Non pas que la scène soit aujourd’hui dépeuplée, bien au contraire. Mais la surprise, la passion, le plaisir se font plus rares lorsqu’on s’est habitué aux ritournelles du rock au sens large. Les pérégrinations se font donc plus longues, plus étendues. On explore des horizons nouveaux desquels on revient aussi vite, confirmant ainsi la délimitation des goûts. Il y a cependant des endroits qui nous retiennent, souvent qu’un petit instant, parfois à jamais.

Prenons le cas de Gogo Penguin. Le groupe est affublé d’un nom peu avenant mais qui marque les esprits, au point de s’y arrêter. Grand bien nous en fasse, car la découverte a quelques chose d’à part, envoûtant et entraînant.

Gogo Penguin est un groupe de Jazz, mais pas uniquement. Il s’y cache un soupçon de musique électronique marquée par une base rythmique souvent emmenée. Ce mélange chatoyant attire et retient.

Composé de trois jeunes Anglais originaires de la glorieuse ville punk rock Manchester, Gogo Penguin prend à revers les origines en se débarrassant de la traditionnelle guitare et en mettant en avant une imposante contrebasse (Nick Blacka) accompagnée par les mélodies du piano (Chris Illingworth) et les rythmes d’une batterie joueuse (Rob Turner).

C’est ce trio qu’on retrouve sur la scène du Bikini en ce mois de mars à la météo beaucoup trop anglaise. Ils sont venus défendre leur quatrième album, A Humdrum Star, fraichement sorti en Février 2018. Deux jours avant, nous avions croisé dans cette même salle l’excellent groupe français Feu! Chatterton, qui jouait à guichet fermé. Ce soir, la salle n’affiche pas complet, mais presque, ce qui rendra la prestation peut-être encore meilleure grâce à plus d’espace pour un public complètement concerné et que l’on sentira tout au long du concert véritablement conquis.

La musique de Nick Blacka et consorts est d’une telle simplicité qu’elle arrive à scotcher l’auditeur. Une simplicité apparente car la complicité qui s’opère entre ces trois instruments qui se suffisent presque à eux mêmes est déconcertante. On a le sentiment d’une joute, ou chacun se répond, cherche un meilleur argument que l’autre, pour finalement en convenir… ou pas ! Le résultat c’est la production d’une musique très immédiate, très directe, qui frappe au plus juste au travers notamment d’envolées magiques bien amenées par des mélodies qui prennent le temps de s’installer pour mieux surprendre.

C’est la véritable force de Gogo Penguin : des lignes mélodiques entêtantes qui se transforment dans un partage avec les autres instruments, pour devenir un ensemble très fort et marquant et finir en esclandre ou dans le calme absolu selon le combat que se seront livré piano, batterie et contrebasse.

Sur scène, les Anglais communiquent peu mais tentent quelques approches dans un français fragile. On sent le trio très introverti et concentré. Mais le public de connaisseurs a répondu présent aussi bien entre, que pendant les chansons. Certes, pas de danseurs fous, de pogo ou autre, mais un public bruyant, chaleureux et demandeur sur chaque chanson. Autant de signes qui prouvent la réussite d’un concert fort en émotion, grâce à ces instruments très bien mis en avant et aux mélodies enivrantes de Gogo Penguin.

Voilà un groupe qui apporte un souffle différent, car il n’est pas forcément nouveau, et qui permet, le temps d’un soir, d’échapper aux habituelles boîtes à rythmes et tubes préconçus auquel on a droit au quotidien.

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