Il y a des lieux qui transcendent des artistes, qui ont un sens, qui représentent une étape.

Il y a plus de 10 ans arrivait sans crier gare sur la scène du Bikini une petite meuf furieuse, une enfant de la balle assumée avec sa propre trajectoire, tendue, directe.

Cette scène qui l’a vu éclore, après l’avoir accueillie un nombre incalculable de fois (« plus de mille » dixit l’artiste) lui tend à nouveau les bras afin de lui permettre de venir défendre Citadelle, un 4ème album plus intime, plus électro-pop aussi.

La salle qui annonce sold out, ce public fait d’un mélange d’étudiants et de quadra CSP + ou – attend fébrilement de se retrouver face à cette adolescente toujours  éprise de liberté, irradiée.

La phase 1 consiste donc à tenter de faufiler vers la scène, en évitant de se faire asperger de bière, la chose n’est pas aisée si on en croit la rumeur populaire car visiblement tout le monde cherche à se centrer.

Une mélopée électro vient rompre les murmures de la salle, la lumière décline, c’est le moment de se faire embarquer. 21h30 début des hostilités.

Dragon de métal en guise d’introduction de cette setlist, le cadre est posé.

Fidèle à ses habitudes, la trentenaire hyper-sensible et sauvage assène longues improvisations, délires verbaux, gros mots, humour et dialogues direct avec l’assemblée; cette connexion avec le public laisse supposer que la setlist sera à géométrie variable, au grès de son ressenti et de ses envies.

La part belle est néanmoins donnée aux tracks de Citadelle. L’énergie rock est présente, puissante, l’habillage électro pop donne une touche d’élégance et vient sublimer ce timbre de voix hypra maîtrisé, rocailleux et nuancé, insolemment rétro.

Izïa n’est pas qu’une interprète, c’est avant tout une parolière qui sait faire les mots jouer pour partager avec force et simplicité de puissantes, sincères et bouleversantes émotions. Sunset, Esseulés, Sous les pavés, Sentiers , Chevaucher, Que tu saches, Trop vite sont autant de souvenirs, de messages, de lumière et de vie qu’elle partage avec une énergie communicative et qui laissent apparaître qu’on peut être à la fois écorchée vive ET bienveillante.

Le rythme est dingue, les morceaux s’enchaînent sans temps morts, la haute intensité déployée par Izïa et le groupe permet de retourner le Bik’ qui n’en demandait pas tant.

4ème date d’une tournée qui débute juste, la complicité des cinq fantastiques est tout simplement authentique et donne lieu à de mémorables prestations. La vague, sensuelle et sauvage avec Izïa en mode sexy-mood. Leave me alone qui se pare d’arrangement électro chic tout en conservant la fureur qui en fait son charme. Sugar Cane qui se transforme en combo guitare/voix minimal et sublime.

Mais le point d’orgue reste néanmoins le diptyque Calvi, ville charnière et patrie d’adoption de la famille, lieu de conception et d’inspiration de Citadelle  sur lequel plane l’ombre bienveillante et malicieuse du disparu.

Et que dire de la magnifique interprétation de Idole ? Piano-voix extatique sur lequel, à aucun moment, son nom n’est cité, par respect, par pudeur surtout et à la fin duquel l’émotion, à l’instar de La vague, est venue tout emporter, tout submerger.

Difficile de terminer un set d’autant que la symbiose entre Izïa et le public est là, en place, palpable.

Un, voire deux rappels seront nécessaires afin de faire retomber les émotions accumulées, en se faisant plaisir avec une cover electro de Vivre ou survivre ou via un puissant Merci à bientôt punk rock à souhait, une façon aussi de faire part de tout son respect au public venu assister à son set intimement endiablé.

À ce propos « Special D » aux pies, certes peu nombreuses mais toujours aussi dérangeantes qui, dès les lumières rallumées volettent vers la sortie, pour revenir squatter un nid quand elles se rendent comptent que « en fait non c’est pas vraiment terminé »…

Petit rappel donc , pour celles et ceux qui ont une mauvaise vision de la notion de respect, un concert se partage, se ressent, se vie…On consomme rarement un temps d’échange.

Dans cet élément cyclique qu’est la vie fait d’un début, d’un milieu et d’une fin, Ci-mer à Izïa et sa clique d’avoir fait ressentir à l’assemblé (hormis les pies) qu’entre l’être et le néant, nous vivons encore.

A très vite pour un 1001ème Bikini.

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