Comme chaque année , la Villette Sonique investit le parc de la Villette, haut lieu culturel et festif parisien, avec une programmation prenant place dans les différentes salles que propose le site, du cabaret sauvage au Trabendo. La messe musicale parisienne numéro de la scène alternative et expérimentale n’a pas dérogé à son prestige lors de cette 13ème édition, réunissant des artistes aussi complexes, frais ou mythiques que Stereolab, Julia Holter, Tim Hecker ou Danny Brown. Ces deux derniers artistes étaient justement les têtes d’affiches des deux premières soirées du festival. Une mise en bouche éclectique, excellente et exigeante.

Tim Hecker, génie de l’ambient canadien, animait forcément une soirée dédiée au genre. Kelly Moran et Mondkopf offraient une première  partie savoureuse et fortement à propos. Le piano éthéré et féerique de Kelly Moran contrebalançait les nappes techno du voyage visuel de Mondkopf. Hecker mis la barre encore plus haute, avec un duo d’instrumentistes japonais qui faisait la part belle à Konoyo et Anoyo, ces deux dernières sorties magistrales. La force de la prestation de Tim Hecker et du Konoyo Ensemble était dans la manière sont ils parvenaient à modeler des instruments aussi pointus au sein de l’univers apocalyptique et hallucinogène du canadien. Une claque de plus à ajouter à son actif.

Le lendemain, Danny Brown fut donc à l’honneur. Avant sa venue tant attendue après un concert au YOYO un brin décevant, la Villette Sonique nous fit le plaisir d’inviter de jeunes pousses du milieu hip hop alternatifs : BbyMutha, Channel Tres et surtout l’incroyable Shygirl. Les trois artistes se démenèrent pour se tailler la part du gâteau, mais c’est bien la londonienne qui ensorcela la foule du Trabendo. Son rap obscur et sensuelle accompagné par une production expérimentale et électronique électrisa son set. BbyMutha fut une belle surprise. La mère célibataire du Tennessee représentait une frange du Dirty Mouth autour de thématiques originales pour le genre (la maternité, le célibat, etc.) et dynamitait ses chansons par son flow implacable. Channel Tres confirma de son côté qu’il est bien l’artiste un peu surcoté qu’on pensait malgré quelques titres d’électro-rap entraînant.

Danny Brown mit donc fin à cette soirée de plus 4h dédiée au Hip Hop sous ses nombreuses formes. Il incarnait à la fois chaque caractéristique de ses prédécesseurs, tout en les sublimant : avant-gardisme, flow maîtrisé et cool-attitude. Bien qu’auteur d’un set peu surprenant – chronologique, de XXX à Athrocity Exhibition sorti il y a 3 ans – il acquis aisément le public à sa cause. Ce dernier repris avec clameur ses plus gros tubes, Monopoly, DIP, Attack ou encore When It Rains. Il offrit même à ses fans parisiens un avant goût de son prochain album, produit exécutivement par Q-Tip, en guise de rappel. Un titre dont on ne connaît pas le nom mais qui annonce un 5ème opus de qualité pour le rappeur de Detroit.

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