Pauvre Martin à la Cave Poésie

Rien de tel que de parcourir les rues d’un Toulouse enneigé pour se rendre à la Cave Poésie. Admirant la tenue du blanc sur le rose comme une lingerie couvrant la brique qui se dérobe, je me sens d’une humeur allégorique pour m’installer sur les chaises d’un autre lieu historique du théâtre et de la chanson made in Toulouse.

Cela tombe bien car cette cave se marie parfaitement avec la proposition artistique de ces étonnants musiciens. Ce trio voix-contrebasse-piano nous emmène dans un imaginaire où les mots tapent et sonnent comme des notes. Le lexique devient musical et la verve est rythmée.

Florent Gourault sait écrire, mais il sait aussi comment le dire. Entre slam et chanson, sa poésie s’invite par les oreilles pour réjouir nos cerveaux en mal de bons mots.

Ses deux compères instrumentistes soutiennent avec malice et audace les propos du jeune chanteur. Retenons notamment cette partie de cartes rythmique dont les attributs résonnent encore sur cette table transformée en percussion pour l’occasion.

Seul petit regret : le phrasé et la tonicité du chant qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Loïc Lantoine. Gageons que pour la suite ce jeune groupe saura affirmer sa différence. En tout cas, nous serons là pour les y encourager.

Zaza Fournier à la Dynamo

 

Avantage d’un festival : la musique agit sur vous comme une drogue et vous attendez impatiemment votre prochaine « prise » en espérant que celle-ci sera encore mieux que la précédente. Inconvénient d’un festival : les horaires et les lieux peuvent vous poser quelques soucis d’organisation… A peine sorti de la Cave Poésie je passe rapidement chez des amis pour (sommairement) raconter Pauvre Martin et (goulûment) boire un café chaud avant de reprendre mon vélo-traîneau sur la neige : direction la Dynamo.

Bistrot et salle de concert d’une jauge de 200 personnes, ce café-culture à taille très humaine propose une programmation musicale éclectique dans un cadre très convivial… ses deux bars (un par niveau) y contribuent bien évidemment.

Logique des séries oblige, après Emilie Cadiou, c’est une autre jeune accordéoniste que nous applaudissons ce soir. Une zazou d’aujourd’hui au féminin soit une Zaza… Fournier en l’occurrence. Cette Parisienne de 26 ans n’a visiblement pas froid aux yeux lorsqu’elle apostrophe sans complexe un public encore endormi sous l’effet d’une première partie légèrement… apaisante. Malgré une voix un peu hésitante sur les trois premières chansons, le lien se crée très rapidement entre la musicienne et les spectateurs visiblement tombés sous le charme.

Passé ce premier quart d’heure, Zaza entre enfin dans le vif du sujet vocal et musical avec sa chanson « Rodéo » en interpellant langoureusement un cow-boy imaginaire dans la salle sous un stetson en cuir. La réaction d’un garçon vacher toulousain – bien réel celui-ci – ne se fait pas attendre : « Zaza on t’aime ! ».

C’est vrai qu’on l’aime, cette jolie zazoue féminine et féministe. Un peu pin-up, un peu clown, tantôt romantique, tantôt rock’n’roll, Mlle Fournier sait garder ses distances d’une variété trop commerciale pour exceller dans cet exercice difficile de la chanson populaire non populo.

À la voir sur scène, on lui pardonnera alors aisément quelques erreurs ou errances de jeunesse comme ce deuxième album – Regarde moi – d’un ton mélodique bien en dessous du premier opus éponyme.

On continuera pour autant à la regarder avec plaisir lors de ses prochaines pérégrinations scéniques.

A suivre…

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