Jeudi 2 février – Paamath & Sanseverino – Théâtre des Mazades

Il est 20h30 lorsque j’arrive frigorifié aux portes du théâtre des Mazades au cœur du quartier des Minimes à Toulouse. Il fait environ -5° dehors et pour tout vous dire, je serais bien resté tranquillement dans ma tanière bien chauffée, à pantoufler devant un dvd, mais… Sanseverino en concert tout de même, ça ne peut pas se manquer ! La suite des événements a donné raison à ma motivation.

Première bonne surprise, un artiste qui dépasse largement le statut de première partie. «J’ai 40 minutes pour tisser un lien avec vous», annonce presque timidement Paamath, seul sur scène, en accordant posément sa guitare. Cette réserve trompeuse s’efface très rapidement au gré de ses premiers riffs accompagnés d’une voix enjôleuse. On est tout de suite bluffé par sa maîtrise de l’instrument associée à une «loop station». Cette virtuosité se met au service d’une musique difficilement étiquetable dont l’inspiration est puisée aux confins des chants traditionnels sénégalais, du reggae, du blues ou encore de la folk. Cette musique est multiple, tout comme les langues utilisées pour ses chansons. Entre wolof et français, Paamath a su créer ce fameux lien avec un public tombé sous le charme : ses deux rappels volontaires et affirmés nous l’ont confirmé.

Après une petite pause, Stéphane Sanseverino fait son apparition sous les ovations des spectateurs déjà bien chauffés par son prédécesseur. Son humour ravageur et rabelaisien – les microphones garderont peut-être les stigmates de ses nombreux rots assez sonores – va conquérir très rapidement ce public toulousain que l’artiste n’hésitera pas pour autant à brancarder toute la soirée (oser s’en prendre à Claude Nougaro dans la ville rose, il faut avoir confiance en son aura de provocateur).

Si l’humour du clown est trivial, en revanche les notes du musicien sont de haute volée. Cet autre virtuose de la soirée nous prouve encore une fois que les guitares héros ne se cachent pas toujours derrière leurs cheveux longs. Accompagné de son bassiste Jidé Jouannic, le chanteur nous a livré un set énergique et nerveux aux accents très rockabilly. De Django Reinhardt à Brian Setzer des Stray Cats il n’y avait visiblement qu’un pas que seul Sanseverino a su franchir avec autant de talent !

Même si les deux derniers albums ont pris la part belle, le guitariste (et un peu batteur dans cette tournée à deux) nous a interprété, pour notre plus grand plaisir, quelques grands classiques comme maigrir ou les embouteillages.

En voyant Sanseverino sur scène on pouvait oublier ses récents opus moins inspirés au profit d’un véritable musicien comédien dont le plein talent n’est révélé que sur des planches.

Vendredi 3 février – Emilie Cadiou – Le Bijou

Après les Minimes, direction le quartier de la Croix de Pierre. Juste à côté du théâtre de la Digue trône une institution de la musique vivante toulousaine : Le Bijou. Cette «petite» salle d’une centaine de spectateurs n’a pas pour vocation d’accueillir des talents reconnus, mais plutôt de les faire reconnaître urbi et orbi.

Ce soir, c’est la chanteuse Emilie Cadiou et son trio qui sont à l’honneur. Au son d’un accordéon monté sur collants roses surannés, la jeune toulousaine nous chante avec espièglerie des histoires poétiques et décalées dont le verbe et l’amour des mots se ressentent au bout de chaque verre. On peut y croiser – dans le désordre – des femmes dont la barbe pousse les nuits de pleine lune, une oie qui vole à l’envers ou encore un personnage se sentant d’une humeur très «œuf mollet».

Si on écoute attentivement les chansons d’Emilie, on les regarde aussi avec beaucoup de gourmandise. On sent une véritable maîtrise de la scène chez cette jeune musicienne et sa complicité musicale – soulignons la qualité des arrangements – et théâtrale avec ses trois autres compagnons est réjouissante, harmonieuse et bien rodée. Ça marche et le public apprécie.

On peut d’ailleurs regretter que ces mêmes spectateurs – sûrement rendus un peu «mollets» par ce temps aux accents sibériens – ne l’aient rappelée qu’une seule fois ! En insistant un peu une dernière chanson aurait sûrement pu accompagner avec plaisir notre voyage de retour…

Alors, n’en doutons pas, à très bientôt Emilie !

A suivre….

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