James Wan : « Pour mes précédents films, c’était rassurant de me dire que j’avais tout inventé, mais pour Conjuring : les dossiers Warren, je ne pouvais pas me reposer là-dessus ».

Les amateurs d’histoires horrifiques reconnaîtront sans ciller ces deux noms : Ed et Lorraine Warren. Couple mythique d’enquêteurs paranormaux ayant trempé dans de sordides affaires telles que Amityville ou la poupée possédée Annabelle. Ici, nous serons les témoins des phénomènes troublants et inquiétants qui se seraient abattus sur la famille Perron peu après leur emménagement à Harrisville, dans les années soixante-dix. Durant ces cent vingt minutes, nous assisterons impuissants, à leur vie qui déraille, s’entremêlant dans leurs pieds, leur écorchant les chevilles. Que vous soyez croyants, fanatiques ou pour le moins sceptiques, vous ne pourrez nier que certains faits restent de façon étrange, inexpliqués. Préféreriez-vous sombrer dans le déni ou accepter que la cohabitation avec le surnaturel est une réalité à part entière ? Quelles que soient vos superstitions ou vos convictions, prenez garde à ne jamais provoquer les forces supérieures. Car si elles vous désignent comme cible, personne ne pourra vous porter secours. Le sentez vous ? Ce sentiment qui vous éprend, qui vous étrangle, qui vous assèche, qui vous abolit. Vérifiez derrière vous.

À l’image de Macbeth de Shakespeare, pièce maudite et prénom évité, voire interdit au théâtre, certains longs métrages sont empreints de phénomènes désastreux que certains pourraient qualifier de surnaturels. On pourrait citer en tête le tournage de L’Exorciste qui comptabilise pas moins de neuf morts (et un incendie) durant sa période. Dans Conjuring, d’étranges faits se sont également déroulés. Commençons par Vera Farmiga qui interprète de façon merveilleusement juste et touchante la médium Lorraine Warren. Elle avouera avoir trouvé une marque de griffure sur son ordinateur après la lecture du scénario. Cependant, cela ne s’arrête pas là. La doyenne de la famille Perron refusera catégoriquement de venir sur le tournage – réplique exacte de leur ancienne maison -, pétrifiée par ses propres réminiscences. Restant seule dans son appartement, elle finira à l’hôpital après avoir ressenti une présence et plus précisément celle du démon passé, ce qui lui vaudra une violente chute. Finissons avec James Wan, réalisateur de Saw et d’Insidious, qui confessera que lors du dérushage, son chien semblait captivé par une ombre mouvante, ses aboiements s’élevant d’entre les murs. Conjuring n’est définitivement pas un simple énième film d’horreur, il prolonge et affine le genre de l’épouvante avec élégance et renouvellement.

Conjuring explosera littéralement le box office américain dès le premier jour de sa sortie, laissant loin derrière Pacific Rim ou Lone Ranger. Ce long métrage s’imposera comme un véritable souffle horrifique, parcourant votre échine et faisant lever vos poils. Il revisite les symboles de la terreur tel que l’armoire, la poupée, les fantômes, la pendaison ou bien la main invisible qui vous titille les pieds lorsque la lune est à son apogée. Pourtant, rien ne semble réchauffé et malgré des effets prévisibles, James Wan parvient à nous surprendre et à nous plonger dans un état de tension intense sans nous offrir une seconde de répit. Entre la maison des Perrons et celle des Warren, aucune minute ne nous est accordée pour reprendre notre souffle. Et parfois cette nervosité omniprésente est si forte que certains spectateurs préfèrent quitter la pièce. Outre l’harmonie des acteurs – auxquels on s’attachera instinctivement, contrairement à la majorité des films d’horreurs (You’re Next) – qui permet un effet réaliste et angoissant, on notera les innovations de mise en scène. La caméra s’axe souvent derrière les personnages, accélérant l’identification, allant jusqu’à se renverser complètement lorsqu’une fillette regardera sous son lit. On trouvera également des plans étonnamment créatifs, des jump scares inattendus, quelques zooms contemplatifs ou encore des reflets de miroirs effroyables. Des travellings descendants avec une caméra très oppressante et écrasante (beaucoup de plongés) comme si elle était habitée par le démon lui-même. Ce ne sont donc pas les figures horrifiques qui s’altèrent ou changent, mais la façon de les montrer. Conjuring est une belle promesse d’avenir sur un possible renouveau du genre et on suivra avec grand intérêt la carrière de James Wan. Qui sait ? Peut-être que les bolides de Fast and furious 7 seront pilotés par une certaine Annabelle ?

Conjuring : les dossiers Warren – Sortie le 21 août au cinéma

Note: ★★★★☆

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