Il y a 25 ans, le duo Londonien Darius Keeler & Danny Griffiths, en plein Trip-Hop émergeant, donnait corps et naissance à une étrange formation trans-genre.

Au fils des rencontres, départs et connexions, Archive s’est progressivement transformé en collectif, faisant évoluer le style musical au grès des compétences et envies de chacun.

Né sur une base Trip Hop toujours présente, fusionnant l’électro au progressif, au rock et à l’ambient, il est impossible de qualifier le groupe mais est-ce bien là l’essentiel ?

Archive, c’est un « concept crew »; en live, c’est une expérience, à la fois auditive et visuelle. Si on ose le parallèle, c’est un peu comme une série écrite par Damon Lindelof : dense, complexe, avec l’impression que ça part dans tous les sens alors que tout est calculé, réfléchi.

Dès lors, soit on adhère et on se laisse embarquer, soir on reste à quai. Il n’y a pas de juste milieu.

Dans une salle chauffée à blanc et pleine à craquer, au regard de l’état d’effervescence codéiné dans lequel se trouve le public, ces éléments mis bout à bout ne peuvent laisser présager qu’un mémorable moment est en passe de se profiler.

Ce soir au Bikini, ils sont 8 sur scènes ; au combo classique guitare/basse/batterie permettant de générer la rythmique, les éléments mélodiques et les longues parties instrumentales, Keeler et Griffiths viennent compléter la ligne musicale complexe d’Archive avec les synthétiseurs et les samples.

Base rock, boucles électro, ajout de cordes, piano et orgues, c’est un véritable tsunami sonore qui emporte tout, un tourbillon auditif que propose le crew.

Afin de donner encore plus de coffre à l’ensemble et pouvoir naviguer entre plusieurs styles musicaux, trois lead singers auront voix au chapitre.

Maria Q ,Pollard Berrier et Dave Pen agiront en solo, en backup voire collectivement pour accompagner ces lignes sonores avec des textes empreint d’un pessimisme certain.

Au regard du nombre impressionnant de productions réalisées par le groupe, la set list s’annonce orgiaque.

You make me fell et Maria Q pour ouvrir le bal, la nuit s’annonce agitée : trip hop tendance grosse déprime, intensité rythmique, jeux de lumières hypnotique et voix magnifiant l’ensemble, toutes les bases du crew sont posées.

Pas de temps morts d’un morceau à l’autre, Dave Pen prend la suite au micro et à la guitare via un Fuck U introduit pendant près de 3 min par une base piano minimale assortie d’une performance vocale intimiste, presque susurrée et qui se transforme en cri de rage dès les premiers riffs de guitare lourds posés.

Pills rassemble pour la première fois les trois voix sur un même morceau.

L’intensité rythmique accompagnée par une ligne mélodique aérienne au clavier ; la voix cristalline de Maria Q soutenu par les techniques de samples vocaux de Dave Pen et Pollard Berrier sont mise au service d’une montée progressive en intensité du morceau, assortie d’un arrêt brutal puis d’une reprise des hostilités permettant de déposer l’assemblée vers des sommets extatiques.

Bullets permet enfin à Pollard Berrier d’être sur le devant de la scène en alternant, sur un texte qui s’y prête harmonie ET technique de sample vocal ; sur une base clavier minimale de départ laissant la part belle à la voix de P.B , arrive progressivement une fureur rock qui s’épaissit via la chorégraphie lumineuse qui n’est pas là QUE pour habiller la scène.

Parce qu’Archive, en live, livre une expérience sensorielle globale.

La scénographie est admirablement mise en lumière via un light show à la fois calibré sur les parties rythmiques et les construction mélodiques mais également pour mettre en avant les lead singers présents sur scène.

Résultat des courses, des représentations lumineuses à base de laser très graphiques, géométriques, complexes, en parfaite adéquation avec la diversité sonore proposée.

Remains of nothing est une magnifique synthèse de ce que le groupe peut proposer : une intro guitare/batterie avec des faux airs de Hell bells qui prend le temps de se mettre en place. La voix, superbe & envoutante de Dave Pen qui permet à morceau d’amorcer un virage plus dark. À l’intensité de cette voix de tête viennent s’entrechoquer et compléter les phrasés hip hop à la rythmique maitrisée de Maria Q et Pollard Berrier. La mise en lumière permettant de méthodiquement analyser la complexité de la compo, authentique masterpiece of art/ art of noise de plus de 8 minutes.

Le très « Floydien » Again permettra de clôturer cette expérience globale de plus de 2h30, avec cette sensation d’enfin détenir cette étrange vérité :

I see the world in high def
A flicker on the telly
Could this be heavenly now
Or is it really a myth

Or perhaps is just Archive…?

Set-list :

1 You Make Me Feel
2 Fuck U
3 Pills
4 Bullets
5 Kings of Speed
6 Wiped Out
7 Pulse
8 System
9 The Empty Bottle
10 Whore
11 Baptism
12 Remains of Nothing
13 Erase
14 Big Fish
15 Collapse/Collide
16 Controlling Crowds
17 Dangervisit
18 Bridge Scene
19 Again

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